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Il fut un temps, adopter le look typique de la « racaille » du coin avait tout pour déplaire. Stylistiquement parlant, le jogging-casquette-basket n’avait rien pour faire rêver et malheureusement c’était sans compter sur les stéréotypes socioculturels qui s’y sont frottés. Une mauvaise réputation, un jugement de mauvais-goût et de mauvaise graine, toutes les critiques y sont passées, bien loin d’imaginer ce qui se produirait, une décennie plus tard.

Focus sur ce retournement vestimentaire sans précédent.

Un bond dans le futur qui fait mouche

Nous sommes en 2018, et les tendances nous préparent depuis plusieurs saisons déjà au retour en force de la fin des années 90 et 2000. Une époque où, le sporty -pas forcément chic- avait la côte et avait su mettre tout le monde d’accord.

Et dire que ces tendances étaient programmées pour expirer…

Le jogging-survet’

Quand la Racaille des collèges devient ou redevient le look à suivre
Le jogging champion porté, taillé basse

Sans forme ni élégance, vulgo-vulgaire et qui ne met pas la silhouette en valeur… Peut-être oui… et puis Gucci a mis tout le monde d’accord en ressortant du placard l’extrême symbole socioculturel du début du siècle.

Plus luxe, plus chic, plus moderne et extravagant, la firme italienne ultra-bling revisite le jogg’ dans des tissus exigeants, fragiles, aux détails brodés et à des tarifs plus… inaccessibles, forcément. Un jogging Gucci quand même. Certainement l’oxymore la plus inattendue, pire encore que le « soleil noir » de Victor Hugo qui aurait presque l’air censée à côté. Mais la machine est lancée et la mode s’empare, comme si de rien n’était, du dit-pantalon. En l’espace de quelques semaines, les grandes enseignes produisent et reproduisent l’objet du désir, convoité sur les podiums des défilés. Les marques haut de gamme brandissent leurs collections sportives comme des trophées. Et même la haute couture se met à vouloir éditer sa version du pantalon.

Celui qu’on n’osait même plus porter ferait même plier la plus authentique des bourgeoises du XVIe arrondissement, avec une paire de talon éventuellement. Parce qu’il se porte avec tout ce jogg’ ! Des escarpins léopard, des baskets blanches ou des boots en cuir… Allez savoir comment en l’espace de quelques mois, cet espèce de mélange du mauvais goût a su retourner sa veste. Celui qui était autrefois très controversé est devenu la nouvelle « normalité ». La mode, ça ne s’explique pas, de toute évidence. 

Les choses sont d’ailleurs devenues encore plus concrètes quand l’ensemble de survêtement a totalement été remis sur le devant de la scène. L’heure est aux pantalons et vestes assortis en matières brillantes, synthétiques et sportives dans des coloris so 90’s, violets, oranges, jaunes… Même les teintes fluos vivent leur quart d’heure de gloire notamment avec la dernière collection Prada. Adidas, Nike et même d’autres marques plus accessibles comme les studios asos se mettent à éditer leur ensemble de survet’.

 

Le sportswear devient streetwear

Quand la Racaille des collèges devient ou redevient le look à suivre
Pull logotypé et veste retro pour un look issu des années 2000

Vous l’avez compris, le sportswear n’a plus rien de choquant ou d’éclectique. Il est à l’inverse devenu un style à part entière qui se modèle en fonction des occasions et non plus des classes sociales. Il s’est emparé de la rue, des business women, des étudiantes, des mamans et des fashionistas. Toutes y passent et toutes trépassent.

Fila et Champion sont littéralement sur tous les dos et à tous les pieds des tendancieuses du siècle. Et même si ça a tendance à nous rappeler nos années de mauvais goûts vestimentaires, il faut cependant avouer que leurs nouvelles tronches ont de quoi attirer. Elles qui avaient côtoyé de près les Kappa, Sergio Tacchini ou encore Airness, font partie des rares à avoir su se retourner. Gros coup marketing, entraide d’influence et peut-être que leur apparition sur des sites de revente comme Urban Outfitters ou asos aura été pour quelque chose. Ces marques en particulier, ont su surfer avant les autres sur le retour en force du siècle dernier. Avec leur logo tape-à-l’oeil, leur design pop et leurs coupes retro, Fila et Champion se retrouvent propulsées au rang de marques incontournables. 

On ne vous cache pas qu’en prime, de nombreux modèles Nike font leur grand come-back. La TN notamment (ou requin), sensiblement inchangée re-fait son entrée. Et qui l’eu cru ?! Préparez-vous d’ailleurs à voir débarquer la Nike Shox, revisitée par le label Comme des Garçons…

 

Des collabs étonnantes (et certaines fausses)

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La marque Supreme envahit les dressings

Commençons par le commencement ! Mesdames et Messieurs, que l’on remette les pendules à l’heure : NON, les bananes Louis Vuitton n’ont jamais existé ! Et les casquettes de la même marque, encore moins ! Ce que vous avez pu apercevoir par dizaines, centaines ou milliers au cours de toute une génération n’est que le simple résultat d’un rêve de jeunesse inaccessible et d’un marché noir très créatif. L’envie de frotter le street au luxe, à l’ère où ce dernier était encore loin de l’imaginer.

Presque 20 ans plus tard, les choses ont bien changées. Alors que les marques haut de gamme peinaient à s’ouvrir à une toute autre clientèle, il se trouve que les dernières collabs en vogue sont celles qui allient luxe et street. Plutôt étonnant et avant-garde. Des collabs à la Vuitton x Supreme, Fendi x Fila, North Face x Supreme, Stutterheim x Marni ou à la Nike x Off White pour ne citer qu’elles et qui écrasent tout sur leur passage ! 

 

Les chaussettes dans les claquettes

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Les claquettes se portent avec des chaussettes sportives @chiaraferragni

« En claquettes au calme, sur mon transat au calme, claquettes, chaussettes, tu connais c’est la tess ». Et dire que cette déferlante de claquettes-chausettes nous vient tout droit d’un clip orchestré par le rappeur Alrima. Bien loin des clichés de touristes allemands plutôt habitués aux -horribles- modèles à brides en cuir brun, là, on parle bel et bien de claquettes en silicone, aux couleurs sobres mais au logo bien présent. Le gros logo, surtout, c’est le plus important ! Et associé aux chaussettes griffées, c’est le combo gagnant. Si Alrima en vante les mérites au point de leur dédié une chanson, c’est pour leur confort et parce que « ça fait pas trop dégueu ! » d’après l’intéressé.

Alors oui, c’est confortable, oui, ça passe. Mais pas sûr que le banquier ou l’avocat au background capitaliste succombent à la tendance. Parce qu’entre nous, non, ce n’est ni chic, ni choc, mais on avoue bien volontiers que c’est douillet.

La papesse de la mode Phoebe Philo était la toute première à remettre le duo CC sur le devant de la scène en 2013. Elle a été suivie quelques années plus tard par un Louis Vuitton déchaîné, entre autres. Et ce ne sont pas les diverses tentatives à l’égard de cette tendance qui manquent. Le désormais célèbre combo s’est essayé aux claquettes à plumes, à poils, à couleurs et à toutes autres sortes d’excentricités afin de détourner ce vestige dernier-né des années 2000. La chaussette blanche également a vu sa sobriété s’enflammer pour des paires brodées, décorées qui se parent bien volontiers de petits motifs avocats, cactus, flamands roses ou ananas. Très en vogue ces derniers temps.

 

La banane re-visitée

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La banane, vue par Gucci

Quand on parle de la banane, on pense surtout à Lacoste. L’iconique modèle légèrement grainé, aux multiples coloris et que toute une population stéréotypée s’était appropriée. D’ailleurs, c’est cette mauvaise image socioculturelle qui a valu à la marque de sombrer l’espace de quelques années. De quoi revoir son image dans un esprit sporty chic plus habillé.

Mais revenons-en au dit-sac : dans les années 2000, celui-ci se portait en diagonale, à même l’épaule. Le port à la ceinture, lui, s’apparentait un peu plus aux amateurs de camping, avec ce on-ne-sait-quoi de « beauf » qui leur allait bien. L’histoire aurait du prendre fin ici. Et puis, courant 2017, après avoir été complètement oubliée, voilà que la banane revient, sortie de nulle part. Sans prévenir ! C’est la Stupeur totale… D’autant que les premiers commentaires à son égard tournaient autour d’un « c’est moche » ou « moi, jamais ».

Pourtant, quelques saisons pas tard, la banane est bien présente et jouit même d’un récent caractère très luxe. Gucci à nouveau, en grand maître du old school l’a rendue inaccessiblement accessible. Ou en tout cas, a ouvert la porte à d’autres. Versace, Fendi, Off White et même des marques plus classy comme Saint Laurent ont succombé. Subtilement ceinturée autour d’une robe hors de prix ou d’un classique trench, c’est qu’elle en deviendrait presque chic et discrète. Bien loin des excentricités des premiers jours ou des jugements douteux en matière de mauvais goût.

 

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